- Raymond hervo -
LA France libre au cœur
Quand le jeune Raymond Hervo s'engage à l'âge de 18 ans dans la marine nationale en 1939, il est loin de penser devenir un de ces héros resté anonyme de la seconde guerre mondiale.
Six mois de formation à l'école des fusiliers-marins, et le voilà au printemps 1940 à bord du torpilleur d'escadre « le Casque » puis du cuirassé « La Lorraine ». Toulon, Lorient, Brest, Casablanca, Oran, Alexandrie... Raymond Hervo qui voulait voir du pays en voit, participant à des exercices franco-britanniques et à des escortes de convois de navires marchands. A Alexandrie, « La Lorraine » fait partie de « la force X », réduite à l'inactivité par la flotte britannique qui ferme le port et empêche tout mouvement de navires. Le 3 juillet, à 3.600 kilomètres
de là mais dans les mêmes conditions se déroule le drame de Mers El- Kébir où la flotte britannique coule la flotte française pour éviter qu'elle ne soit livrée à l 'ennemi allemand. La tension est à son comble. Raymond Hervo décide alors de déserter et de rallier la France Libre.
Commence alors un périple digne d'un roman d'aventure...
Il se déguise, pris en charge dans un tripot du port par un réseau de « passeurs », se réfugie sur un cargo ...un bananier qui le mène à Suez puis Bombay. Changement de cargo. Le voici à Cap Town, Mompassa en Afrique du Sud puis New-York et enfin
Liverpool en Angleterre...
Le tour du monde pour rejoindre les français de De Gaulle.
Arrivé à Londres en octobre 1940, une autre vie commence, une autre aventure aussi. Promu quartier maître, Il est affecté à Portsmouth en tant qu'instructeur sur un navire-école à disposition des forces navales françaises libres , le « Président Théodore Tissier ». Il y restera 2 ans et demi. C'est là qu'il fait la connaissance d'un certain Philippe Kieffer, professeur d'Anglais à l'école navale française de Portsmouth dont dépend le « Président Théodore Tissier » puis l'aviso « Amiens » qui prend sa succession en juin 1943.
Le mois suivant, en juillet 1943, l'école ferme ses portes suite à une restructuration. Raymond Hervo se retrouve à Londres puis à nouveau à Porthmouth à la caserne Bir-Hackeim, centre de dépôt des équipages de la marine. Le 18 août 1943 il est affecté
à bord de la frégate anti-sousmarine « La Découverte ». 8 mois de navigation périlleuse en atlantique et méditerranée pour escorter les navires marchands attaqués par les redoutables U-Boat allemands. En janvier 1944, Raymond Hervo naviguera avec un certain Philippe De Gaulle, enseigne de vaisseau, fils du général, affecté lui aussi momentanément sur « La Découverte ».
Mais une nouvelle fois, le quartier maître se sent trop inutile... Il quitte alors clandestinement « la Découverte » pour s'engager dans les commandos que le commandant Kieffer vient de créer !
Cette fois c'est du sérieux : entrainements intensifs et sans
concessions au fameux camp d'Achnaccary, le plus dur de tous. Raymond Hervo n'est pas encore prêt lorsque le 6 juin 1944, 177 hommes du commando sont choisis pour débarquer à Ouistreham.
En revanche, il participe à la libération de la Hollande et notamment du port d'Anvers d'octobre 1944 à mars 1945 au sein des commandos Kieffer qui s'y font remarquer par leur bravoure.
Il porte le badge n° 243.
Raymond HERVO (3ème en partant de la gauche) et des camarades fusiliers marins à Flessingue
Moulin d'Orange.
Après la capitulation de l'Allemagne (mai 1945) les troupes du commando y sont restées sur place un certain temps pour maintenir l'ordre, assurer la sécurité et le ravitaillement des populations.
Il sera démobilisé le 15 novembre 1945 et rentre alors chez lui à Locminé où il reprendra sa place parmi « les anonymes ». Il recevra en son nom propre un message du Général de Gaulle :
« Répondant à l'appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les forces françaises libres. Vous avez été de l'équipe volontaire des bons compagnons qui ont maintenu notre pays dans la guerre et dans l'honneur..... »